Pays de toutes les tragédies De tous les rêves inaccomplis Tu restes figé aux cimaises de l'histoire Attelé au travail de Sisyphe Espoirs ensanglantés Embaumés comme des momies Démagogiquement Pour mieux berner la crédulité Rêves de musée Attrape-nigaud...

Au fil d'une présence Se sont tissés d'inextricables fils Entre le silence et moi Deux solitudes se dévisagent Et s'engouffrent dans une rêverie Où ne résonnent que les tessons De souvenirs qui tombent brisés Se heurtant aux parois poreuses De la mémoire...

Je ne crois pas avoir tout dit Et l'on m'a déjà maudit J'ai cru prendre ce monde en pitié Et de moi il a médit J'ai voulu édulcorer toute amertume Lénifier toutes les blessures Du corps et de l'âme Et l'on m'a agoni d'injures J'ai cru essarter pour emblaver...

Père de Nedjma Vois-tu de l'empyrée Comme ton olivier s'étiole Et comme le cimeterre A entamé ta tribu Vois-tu d'en haut Comme s'y étendent les cimetières Jumeau de Nedjma Toi qui es visionnaire Dis-moi Si elle est à jamais orpheline Est-il juste de voir...

C'est de cette crête Que je te regarde plaine Toi qui regorges de privilèges Et couves des souvenirs hétéroclites Que le temps a ancrés dans tes habitudes Ils ne sont pas les tiens De cette crête Barde bucolique et casanier Je devine ton indifférence...

Que n'aimerais-je étirer les sèmes Et venir sur ton sépulcre Entonner une aubade rituelle Nulle épitaphe Toute une jeunesse t'a épousée Epithalame Je reviens de La Rue des tambourins Habillé de songes Et soupirant de nostalgie J'y ai connu la Jacinthe...

Ma touche a voulu broder sur le vide Afin que l'espoir descende des nues Que le soleil habille le gris des résignés Et que sur le linceul de nos jours livides Pleuve une féerique rhapsodie Ma plume a voulu vomir sur les ostracismes La haine et les génocides...

Dieu que de pierres sur l'asphalte Révoltées ces pierres ointes de sang Sang de jeunes innocents Pierres précieuses Plus précieuses que l'or et l'argent De dépit la révolte se gonfle Se gonfle puis éclate Et de blanche qu'elle était Elle est devenue écarlate...

Pour le mot Liberté De toutes les langues Le plus beau Vous avez offert vos poitrines Jeunes et nues Aux rafales des bourreaux Pour la liberté des hommes Pour la liberté des oiseaux Pour la liberté des mots Dans la paix de votre agonie Il ne vous restait...

Baya est mortellement seule Sur la montagne enténébrée L'astre s'est éteint Son ardeur a eu raison de lui Et dire que la géniture sauvage L'avait raté Baya geint d'un noir chagrin J'ai soif mère Montagne De partout me guette la canicule Tour à tour s'éclipsent...