PLAIE SUR PLAIE

Publié le par Boualem Rabia


Montagnes altières
O l'âme chagrine de vos crêtes
Un de vos aigles est encore tombé
A Tala Bounane
Ecce homo
Il avait refusé de signer
La codicille exigée
Par ceux qui n'avaient pu l'apprivoiser
Et qui pour le mettre au rancart
Ont utilisé l'appeau
Un autre aigle est tombé
Laissant ses insolentes mélopées
Qui survivront
Pour narguer les pièges et l'appeau

Montagnes altières
Un autre aigle est tombé
Celui qui dignement et sans trêve
Avait bravé la mort
Brave libre et poète
Pour une ultime fois
Sans faux-fuyants
Pour vous et vous seules
Vous étiez son âme disait-il
Comme un épi
Il est tombé
Pour donner la vie

 

Ultime est cette fois où
Avec foi
Il regagne votre sein
Après être revenu de tout
Lesté de déconvenues
Et d'amours impossibles
Il vous revient fidèle
Viscéralement enraciné
Plaie sur plaie
En chaque plaie s'est immiscée
Une douleur indicible
Avec la vaillance du rossignol
Qui chante à gorge chaude
Les vers de lumière
Qui dérangent les ténèbres

Ultime est cette fois où
Il reçoit les morsures des balles
Qui giclent le venin de la haine
Il vacille puis s'affale
Sans grincer des dents
Pour et sur l'humus des preux
Pour et sur la voie des justes
Qui n'ont jamais tremblé
Devant la gent inique
Tranquillement barbare
Mourir ainsi c'est vivre
Hurlait Yacine

N'est-ce pas Montagnes altières
Un autre de vos aigles est tombé
Fier
Le dernier souffle préoccupé
A l'ultime pensée
Que triste est le sort des hommes
Les vrais Chaque jour
Un peu plus de sel dans les plaies
Un peu plus de larmes sur votre nom
Chaque jour chacun de ses poèmes

Emportait un peu plus de sa vie
Plaie sur plaie
Maintenant enveloppez-le
Dans la paix
De la veillée ancestrale

O Mont Ferratus
A tes rocs immémoriaux
Lounès n'avait point dérogé
Que sa mélopée nous revienne
Toujours
Par les sources qui sourdent de tes tréfonds
Ecoute ces centaines de milliers
De voix juvéniles
Elles t'appellent
Car elles ne se dérobent pas non plus
A l'appel de l'endroit où il est mort
Debout

Publié dans Poèmes

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A
azul mess, j ai apprecié vos poémes il faut vraiment avoir une comprenette pour bien saisir le sens; vous travaillez avec perfection!tanmirth.
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A
A Boualem RABIA<br /> <br /> Eclatant et sage encore<br /> Même quand la brise s'est tue<br /> Sa poésie suinte d'exquises métaphores<br /> Au rythme que l'africanité remue<br /> <br /> La Liberté qu'il aime à dépeindre<br /> Aux douleurs de sa Kabylie<br /> Eclatante et sage encore<br /> Même quand la brise s'est tue<br /> <br /> Dans son verbe qu'il a l'art d'étreindre<br /> Du bleu du lapis-lazuli<br /> Ses horizons de Berbère altier et libre<br /> Même quand la brise s'est tue<br /> <br /> Sur son Djurdjura coiffé de cèdres<br /> Il nous parle intarissable comme Phèdre<br /> De sa Kabylie si belle et si racée<br /> Terre passionnée qui sait se raisonner<br /> <br /> Il y a dans les poèmes de Boualem<br /> Comme un chant de Jugurtha sur la Montagne<br /> Dans ses vers et dans tous ses sèmes<br /> Du haut de leur mât de Cocagne<br /> Ces vers révoltés hurlent car ils aiment.<br /> <br /> Serge Thériault(Canada)<br /> Ce 18 octobre,2004.
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A
Alors que nous vous évoquions<br /> Mon ami,mon maître<br /> Le ciel a grondé,le soleil a pleuré<br /> La pluie a séché les larmes<br /> Lavé l'absence<br /> En mon verre de Picon bière<br /> Rien ne m'est plus amer<br /> Que le fantôme de votre présence<br /> Et plus doux<br /> Que la convocation des trésors<br /> Dont vous êtes la seule clef.<br /> <br /> ISIS,écrit le 07 août 2008,à Paris:Bar "Les Folies".
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